‘‘ impressions maritimes ’’ Centre de Découverte Maritime Vieux phare de Penmarc’h, Finistère Fran

IMPRESSIONS MARITIMES

Dans le pays, on dit des passionnés de la mer qu’ils ont du sel dans le sang. Michel Olivier a choisi le littoral ressaqué, la lumière vive et atmosphérique pour irriguer son œuvre de veines d’océan. Comme un arbre de vie déployé où les faisceaux d’inspirations s’offrent en relief, les coulisses invitent à la déambulation. Les nerfs se dévident, itinéraires du visiteur dans les Impressions Maritimes de l’artiste. Là, tout contre sa tempe, bat une obsession esthétique qui marie le papier et la lettre. Papier lavé, pétri, coulé, peigné qu’il fabrique lui-même et typologies imprimées qui miroitent en positif-négatif dans une lecture cinétique. L’artiste scénarise ses œuvres pour favoriser le rapport intimiste, celui où le spectateur peut toucher des yeux les contrastes et les épaisseurs, les volumes et les surfaces superposées.Les plis et les froissements mordent le papier en convulsions nautiques. Cloques, griffes et percées laissent entrevoir le jour de la lumière. Quand sous l’effet d’un geste précis naît un vent douloureux parfois violent, le jeu des tranches expulse des vagues comme des calligraphies. Le blanc domine tout. Parfois il macule le bleu. L’épuré suppose des géométries : Michel scande l’espace de courbes, de points et de transparences, il trace les forces et les fragilités. Plume voletée, algue émiettée, coquille abandonnée, il recueille les échouages naturels du bord de mer. Souvenir d’une ballade, émotion d’une matière, dessin de laisse, arqué de vague… ses tableaux se déclinent en d’essentielles séries où le papier est comme dénudé par une intemporalité. Ne restent que des traces minimalistes par l’incursion d’objets colorés, parfois désuets, qui rappellent un pays, un peuple, un souvenir à ce grand voyageur : tampons d’Inde, bateaux du Brésil, coquillages et galets du lac Titicaca, Cuba, Bahia ou de la Réunion… Sous le vent de mer Michel souffle la vie de plages silencieuses, de ports fallacieux et de tempêtes imaginaires. Sophie DENIS